Question : Revenus et allocation des ressources au sein des ménages

Pertinence et approches de mesure prometteuses :

L’interprétation des données provenant d’enquêtes conçues pour collecter principalement des informations sur les ménages suppose souvent que les ressources sont partagées équitablement au sein d’un foyer. Or, les personnes vivant sous le même toit ont souvent des niveaux de vie très différents. De nombreux aspects importants des dimensions du bien-être individuel comme le revenu, la nutrition et l’éducation sont toujours mesurés uniquement au niveau du ménage, ce qui masque d’importantes différences dans la manière dont les hommes et les femmes, les garçons et les filles vivent la pauvreté.

Certaines études menées par la Banque mondiale sur la mesure des niveaux de vie sont utilisées pour collecter des données sur la consommation de certains biens au niveau individuel. Par ailleurs, les statistiques de l’Union européenne sur le revenu et sur les conditions de vie (EU-SILC) comportent un module sur la privation matérielle et un autre sur le partage des ressources au sein du ménage, dont certaines questions permettent de recueillir des informations au niveau individuel. La mesure de privation individuelle (IDM) est une nouvelle mesure multidimensionnelle de la pauvreté. Elle tient compte de la dimension de genre, évalue la privation au niveau individuel et dépasse les limites des approches actuelles qui mesurent collectivement la pauvreté au niveau des ménages. Cette mesure fait actuellement l’objet d’un projet pilote dans certains pays, ayant pour objectif de la rendre prêtre à une utilisation à l’échelle mondiale comme mesure individuelle de la privation d’ici 2020.

Question : Accès aux socles de protection sociale (par genre)

Pertinence et approches de mesure prometteuses :

Selon les estimations, 4 milliards de personnes dans le monde ne sont protégées par aucune prestation sociale. Les femmes sont exclues de manière disproportionnée des régimes de protection sociale, et leurs risques et besoins spécifiques ne sont souvent pas pris en compte par les politiques existantes. Des millions de femmes ne sont pas protégées non plus par les allocations de maternité : selon le Rapport mondial sur la protection sociale 2017-2019 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), seulement 41,1 % des mères de nouveau-nés reçoivent une allocation de maternité, et on estime que 83 millions de nouvelles mères dans le monde ne sont pas couvertes. De telles disparités dans l’accès aux politiques de protection sociale peuvent limiter le revenu personnel des femmes, les rendre plus vulnérables aux chocs économiques, et creuser les disparités de genre dans les taux de pauvreté, en particulier pour les mères célibataires, les veuves et les personnes handicapées. Le Rapport mondial sur la protection sociale donne un aperçu des systèmes de protection sociale dans le monde, en utilisant un ensemble de données aux niveaux mondial, régional et national sur la couverture, les allocations et les budgets. Le rapport comprend des données ventilées par genre sur les protections dont bénéficient les femmes et les hommes en âge de travailler, ainsi que sur les dispositifs de protection en cas de maternité, de chômage, d’accident du travail et d’invalidité, ainsi que sur les pensions.

Question : Régime foncier et documents légaux pour les femmes

Pertinence et approches de mesure prometteuses :

Le fait de ne pas détenir de document officiel d’identification peut limiter la capacité d’une femme à posséder des terres. Or, il est plus difficile d’obtenir ce type de document pour les femmes mariées que pour les hommes mariés dans 11 pays. Plus de 10 % des personnes dans le monde ont déclaré avoir déjà payé des pots-de-vin pour traiter de questions foncières ordinaires,, et Transparency International constate que les femmes sont les plus durement touchées par la corruption dans le domaine de la gestion foncière : elles sont plus susceptibles de faire l’objet d’extorsion sexuelle.

Le rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit publié par la Banque Mondiale recense les lois discriminatoires dans le monde entier, notamment celles qui régissent la propriété et l’occupation des terres. Elle collecte des données au niveau mondial sur un large éventail d’indicateurs, tels que les cartes d’identité nationales, l’administration des biens matrimoniaux, les contributions non monétaires et les droits de propriété sur les biens immobiliers. Son rapport de 2018 porte sur 189 pays et sept sujets pertinents en matière de participation économique des femmes.